Prière et santé
Le monde scientifique “occidental” l’admet aujourd’hui : le corps et l’esprit sont une même entité, ils s’influencent mutuellement, aussi bien pour maintenir la santé que pour évoluer vers la maladie. Après une longue période dominée par une vision mécaniste de l’être humain qui séparait strictement les maladies organiques et les souffrances psychiques, la médecine officielle s’ouvre donc enfin à une approche uniciste. C’est ainsi que se sont considérablement développées, ces dernières décennies, les thérapies dites psycho-corporelles.
Je souhaiterais très brièvement aborder, en ce mois particulier que nous entamons, une pratique que beaucoup classent parmi les meilleures approches “corps-esprit” : celle de la prière.
La prière, une alliée de la santé ?
De nombreux auteurs l’affirment en effet. Des méta-analyses portant globalement sur des milliers de personnes étudiées durant plusieurs années (1, 2) constatent le lien direct entre cette pratique spirituelle et une plus grande longévité ou une meilleure santé (générale, cardio-vasculaire, digestive...). Les personnes pratiquant régulièrement la prière seraient également moins anxieuses ou déprimées et auraient moins recours à des médications ou des ressources médicales (3).
Il a encore été démontré que les patients pour qui l’ont prie avaient moins de complications per et post-opératoires (4) voire de meilleurs résultats thérapeutiques! Néanmoins, une récente étude, très médiatisée, a démenti ces résultats (5) en montrant que les patients informés qu’on allait faire des prières collectives pour leur intervention, avaient eu plus d’anxiété et de complications (14%).
Comment agirait la prière?
En dehors des explications spirituelles évidentes des croyants, plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer les bénéfices de la prière sur la santé.
La plus classique est celle de l’effet placebo. Mais alors, elle conduit vers une constatation plus profonde encore : l’effet thérapeutique de la croyance. Ou de la foi en la guérison.
Les chercheurs citent aussi un facteur psycho-social : l’intégration et la valorisation du pratiquant dans sa communauté, ainsi qu’un paramètre d’hygiène de vie : les pratiquants seraient moins enclins à consommer tabac, alcool et drogues et auraient un mode de vie plus sain.
La récente psycho-neuro-immunologie bouleverse, quant à elle, les doutes des matérialistes car elle démontre qu’en dirigeant ses pensées avec une intention précise, on peut affecter le fonctionnement interne de son corps ainsi que de systèmes aléatoires simples (6).
La physique quantique, par sa théorie “onde-matière”, explique que tout objet n’est que particules d’énergie en mouvement et que les particules séparées demeurent “en lien” : nous ne serions, nous aussi, que des entités énergétiques plus reliées entre nous que ce qui nous paraît... Serait-ce une voie “scientifique” pouvant expliquer un jour comment les pensées dirigées intentionnellement (prière à distance) auraient une influence sur la guérison ?
Autre hypothèse, désormais consensuelle : la relaxation induite par la prière stimule les fonctions neurologiques, endocrines, immunitaires et cardiovasculaires. Enfin, les répétitions de mantras et autres phrases sacrées synchroniseraient les activités sympathiques et vagales.
En réalité, les méthodes scientifiques sont trop limitées pour être applicables aux recherches sur la prière (comme pour tous les domaines où interviennent l’esprit, l’affect, la foi), mais il est indéniable que nous entrons dans une nouvelle ère où la médecine gagnera à retrouver, enrichie par les connaissances de notre siècle, ce qu’elle avait un peu perdu : sa dimension humaine et spirituelle.
Dr Siham Benchekroun
Mai 2003