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Etre une femme, être marocaine, écrire

(publié dans Le récit féminin au Maroc  ouvrage collectif, dir. Marc Gontard, PU Rennes, Décembre 2005)

 

J’ai longtemps hésité sur le chemin à prendre pour partager avec vous quelques réflexions sur ce que l’on nomme “la littérature féminine”, au Maroc. Quelque chose me bloquait. Quelque chose comme une émotion vibrante que je ne définissais pas vraiment, mais que je reconnaissais pourtant pour l’avoir fréquemment ressentie.  Et c’est en relisant plusieurs fois l’intitulé de ma communication que j’ai percu enfin ce qui me perturbait : de la colère. Oui, mon sentiment ressemblait à ça : de la colère, de la révolte d’être toujours rappelée à sa particularité de femme, quoique l’on fasse, quoique l’on rêve, qui que l’on soit.

Femme d’abord. Femme pourtant. Femme malgré. 

Et avec ceci, ou sans celà, femme encore, femme toujours...

Mais oui, cultivée ou inculte, blanche ou noire, riche ou pauvre, jeune ou vieille, aux commandes ou aux fourneaux, aucune caractéristique qui ne bute tôt ou tard sur cette interrogation... d’être une femme. 

C’est ainsi que devant chaque journaliste qui m’interroge sur mes écrits ou sur mon parcours professionnel, je sais qu’arriveront inéluctablement l’une ou l’autre des questions suivantes : comment arrivez-vous à concilier votre vie de femme à  vos activités ? Ou bien : d’où vous vient le courage d’écrire ? Ou bien : est-ce que l’écriture représente une thérapie pour vous? Ou bien : pensez-vous que vos écrits vont aider d’autres femmes à s’exprimer ? Ou bien encore : est-ce qu’il est difficile d’écrire lorsqu’on est une femme au Maroc ?

Et je sais que mes réponses, par lesquelles je refuse d’expliquer, justifier, revendiquer, et où je n’accepte pas de lier mes livres à mon identité sexuelle, je sais que mes réponses vont décevoir mon brave interlocuteur dont la seule véritable question est : mais pourtant, vous êtes une femme?

Ah oui, en effet, en effet, je suis une femme, vous avez raison de remarquer que je suis une femme, en effet, je le suis, mais voyez-vous, celà ne me demande aucun effort particulier. Non vraiment, je ne subis rien d’insurmontable. Etre une femme ne m’impose pas plus de courage à vivre que vous, croyez-moi. Quand à écrire, et bien, je fais comme tout le monde, j’allonge des mots sur du papier. Mon corps n’a rien à fiche avec tout ça. Un roman, des nouvelles, des poèmes, peu importe, j’écris sans aucun héroïsme. Pas le moindre mérite sinon, et c’est banal, celui de savoir écrire. Je n’ai pas le sentiment de prendre des risques.  Et je ne représente rien ni personne sinon moi-même, et encore... 

Que vous dire ? Il nous faudra toujours, auteurs femmes, répondre à des questions de cet ordre, et il n’y aurajamais de colloques sur la littérature masculine. 

C’est ainsi. 

Dans l’entendement collectif, l’homme, c’est le genre humain. La femme est une spécificité du genre humain.

Il serait ridicule, n’est-ce pas, de demander à un homme écrivain, pardonnez ma boutade, l’impact de son sexe dans la gestation de son écriture ? Mais si l’écriture est celle d’une femme, alors cette écriture devient sexuée.

Nous fêtons d’ailleurs encore la journée de la femme (et il se trouve même des amis sincères qui nous félicitent à cette occasion), de même que la journée commémorative d’une bataille, ou la journée de la lèpre et autres curiosités... 

Cet agacement exprimé, revenons à l’intitulé de départ : que signifie et qu’implique le fait d’écrire “publiquement” lorsqu’on est, comme moi, une femme, et marocaine de surcroît ? 

Je voudrais vous rapporter deux scènes que je trouve assez éloquentes :

La première : je suis dans un lieu public. Une femme s’approche de moi et me demande si je suis bien Siham Benchekroun. Je réponds que oui. Alors, elle me lance, avec une brutalité à peine contenue : “Comment osez-vous vous mettre ainsi, toute nue, dans vos livres ?”

Je reste silencieuse, interloquée. Elle reprend : “Oh c’est très bien ce que vous écrivez, je ne dis pas, c’est très bien, mais... vous n’avez pas honte ?”

Je me souviens avoir mis du temps avant de sourire puis d’expliquer gentiment que je n’étais pas strip-teaseuse mais écrivain, et qu’elle devait s’être trompée : je n’avais pas publié mes photos pornographiques mais juste quelques histoires...

La deuxième scène : ma mère m’appelle au téléphone. Elle vient de lire mon recueil de nouvelles: "Les jours d’ici”. Sa voix est très inquiète : “C’est bien, c’est bien, j’ai aimé, mais tu n’aurais pas pu éviter certains mots ? Que vont dire les gens qui vont lire ça? Ils n’ont rien écrit encore dans les journaux?  Oh là là,  j’ai peur, je te jure... Que Dieu te garde... Tu n’aurais pas dû, ma chérie, tu as une place, une image dans la société... Oh là là...”

En fait, toute cette angoisse tenait à 3 ou 4 petites crudités du genre : orgasme, jouir, baiser... et peut-être à ce que quelques nouvelles parlaient de réalités tout à fait ordinaires (mais drapées derrière nos hypocrisies coutumières) telles que la pédophilie, l’adultère,  le mercantilisme médical...

Ces anecdotes ne font que refléter, à mon sens, l’habituelle pudeur que déclenche non pas seulement l’écriture d’une femme mais n’importe laquelle de ses expressions dès lors que celles-ci débordent de la sphère privée, domestique, pour se voir, s’entendre, se lire, dans une sphère publique.  Et finalement être à la portée de tous. 

Qu’une femme se dévoile et s’expose, et voici des boucliers ancestraux qui se lèvent.

Car ainsi, “toute nue”, comme une fille de mauvaise vie, elle est possédée par qui la désire. 

L’écriture n’est-elle pas aussi personnelle que l’est un corps ?

La femme, dans nos contrées, n’appartient encore qu’aux siens à qui elle réserve sa beauté, son temps, ses rêves, etc. 

Mais bien plus que cette question de propriété, d’appartenance à un homme ou à une famille, la femme relève de l’intime, et donc du tabou. 

Comme toutes les “choses” intimes, elle ne peut être livrée “à l’appréciation” de n’importe quel inconnu, sans enfreindre les règles de bienséance.

Cette bienséance voudrait donc qu’elle ait “honte” d’écrire par exemple des poèmes d’amour. Et qu’elle ne prenne pas le risque d’atteindre à sa “réputation” en utilisant des mots obscènes. 

En fait, l’écriture n’est qu’une violation, parmi d’autres, d’une règle atavique cantonnant les femmes dans un espace strictement cloisonné, muselé, sous surveillance.

C’est pourquoi leur prise de parole, en l’occurence ici leur “prise d’écriture” peut être percu, dans un inconscient collectif qui, en réalité, a très peu évolué, comme une inconvenance. 

Dans le même ordre d’idées, le déploiement de la littérature féminine au Maroc correspond à la place grandissante que les femmes prennent dans l’arène publique. Il s’agit d’une même évolution. Un même changement de comportement, de relation aux autres et de statut : des femmes occupent des postes de responsabilité et de pouvoir,  assument des rôles jadis exclusivement masculins, d’autres femmes participent à l’évolution de la société par leurs oeuvres et leurs écrits... 

Ceci étant, j’aimerais revenir aux images faussées que nous renvoient certains critiques ou journalistes etque j’évoquais il y a quelques instants : 

La première idée est que lorsqu’une femme écrit, c’est toujours pour se délivrer de je ne sais quoi. 

Une femme n’écrirait en fait que pour témoigner, dénoncer, en un mot : pour se libérer. 

L’écriture -un cri public- serait donc forcément exutoire puisqu’il est entendu qu’il est si douloureux, siinjuste d’être une femme.  

Il s’agirait, en quelque sorte, d’une démarche à visée thérapeutique.

Et un livre serait toujours, de façon plus ou moins romancée, une autobiographie.

C’est ainsi, qu’en ce qui me concerne, après la sortie de mon roman “Oser vivre”, j'ai appris plusieurs fois, par la presse, en lisant des journalistes avec lesquels je n’avais jamais échangé un traitre mot, qu'il s'agissait de mon histoire. Lorsque plus tard, j’ai publié le recueil de poèmes intitulé:  “A toi”, il m’a fallu répondre à des questions sur l’identité de ce “Toi”. 

Et aujourd’hui, on bavarde peut-être sur quelque lien piquant entre les évènements de ma vie et ceux rapportées dans mon dernier recueil de nouvelles.

Cette curiosité dérisoire se déclenche bien plus rarement envers les auteurs masculins. Parce que l’excitation n’est pas du même ordre. Ceci prouve encore une fois qu’un écrivain de sexe féminin touche à l’intime et à l’interdit, et réveille plus de préjugés.

Bien évidemment beaucoup de femmes, comme beaucoup d’hommes au Maroc, ont écrit des récits témoignages. Parce qu’elle nous ouvre vers le monde et brise notre solitude éventuelle, l’écriture est en effet une voie privilégiée de réconciliation et d’acceptation de soi. Ecrire sur notre passé permet à la fois de lui donner du sens, d’intervenir sur la façon dont il agit sur nous, et de comprendre qui nous sommes et d’où nous venons.  J’ai lu un jour la citation anonyme suivante :  “écrire sur soi, c’est permettre la rencontre amoureuse de la mémoire et du langage intérieur. De cette rencontre naît l’histoire de nos vraies émotions”.

Il est par ailleurs possible que l’autobiographie soit un genre fréquemment utilisé par les nouveaux auteurs féminins au Maroc, mais il est regrettable de réduire toute la littérature féminine à de simples exercices, plus ou moins heureux, de confessions publiques. 

Il est déplorable de ne pas concéder à nos écrivaines la capacité d’imagination, et de création littéraire. 

A ce propos, il me vient en mémoire un texte publié il y a 3 ou 4 ans, dans un journal de grande diffusion, et dont l’auteur était un enseignant, occupant par ailleurs une fonction très officielle. Ce texte, qui se voulait une critique littéraire, était en fait un long crachat de mépris envers toutes ces “femmes marocaines” qui, un peu comme les “Précieuses ridicules” de Molière ambitionnaient d’être savantes, se piquent aujourd’hui d’écrire alors qu’elles en sont totalement incapables.  

N’auraient-elles pas mieux fait de s’allonger sur un divan (à défaut d’avoir pu s’allonger ailleurs) pour épancher leurs états d’âmes au lieu d’incommoder les lecteurs par leurs confidences ? 

Qu’a-t-on à faire avec cet océan de larmes publiques ?

La littérature est une affaire trop sérieuse, disait-il en d’autres termes, pour admettre que la moindre petite femelle dépressive nous en ponde à la volée.  Et il se désolait de cette épidémie de diarrhée verbale qui avait atteint des femmes de son pays alors que, depuis Mme Staël, citait-il, plus aucun auteur féminin n’avait jamais rien écrit de valable.

Je ne ferais pas de commentaires parce que ce discours s’en passe volontiers, mais je vous rapporterais une autre réaction haineuse diffusée par voie de presse, cette fois arabophone, dont les relents de misogynie sont similaires. Un journaliste commentait avec hargne l’attribution très récente d’un prix de poésie à une femme, en utilisant les vieilles insultes et calomnies dont le monde nous a toujours mitraillé : il s’agissait, signifiait-il en des termes à peine voilés,  d’une distinction des fesses de cette poétesse et non pas de son talent, et il est inadmissible n’est-ce pas (là, ce sont mes mots) que des croupes aient droit d’entrée dans le monde si noble de la poésie !

Jusqu’à quand continuera-t-on à juger un auteur non pas sur ce qu’il écrit mais systématiquement en référence à son sexe et à sa vie privée ? 

Sur un autre plan, j’entends souvent des critiques acerbes sur la médiocrité de la littérature féminine au Maroc. N’étant pas critique littéraire, le seul avis que je m’autorise est celui de mes émotions. Ainsi, certains écrits m’ont beaucoup touchée, d’autres m’ont profondément ennuyée, mais cela n’est pas une exclusivité féminine que d’écrire de mauvais livres. Dans le milieu artistique, comme dans le monde professionnel ou politique, pourquoi une femme n’aurait pas “ les mêmes droits” qu’un homme d’être insignifiante ?  

La seconde idée, c’est que les auteurs francophones font partie d’une petite élite bourgeoise de la société. 

Ils feraient le plus souvent partie de la classe des nantis et des “bien-nés”, se rencontreraient entre eux, se liraient entre eux, et accepteraient sans état d’âme d’être inaccessibles à la majorité des citoyens de leur pays.  

Comment donc être marocain, c’est-à-dire arabe, et ne pas écrire en arabe? 

C’est ainsi que cette interrogation peut basculer à un niveau idéologique. Dans de nombreux milieux associatifs par exemple, communiquer exclusivement en arabe fait partie de l’engagement militant, voire dans des cas extrêmes, d’une expression identitaire s’opposant à la culture importée de l’occident.

Je me souviens d’avoir eu à justifier plusieurs fois le choix d’écrire en langue française, notamment à l’occasion de signatures de mes livres. “Ceux dont vous parlez et à qui vous vous adressez ne vous liront pas. Si vous écrivez pour les marocains, faites-le dans leur langue”, m’avait clairement reproché, en aparté, un enseignant.  

En réalité, il ne s’agit pas d’un véritable choix puisque je suis parfaitement incapable de rédiger quoique soit dans cette langue pour laquelle j’ai par ailleurs la plus grande fascination. Tout en cultivant une vraie passion pour le français que je parle et lis, comme d’autres marocains, depuis la plus tendre enfance, et tout en le considérant comme ma langue, je ne me sens évidemment pas moins marocaine que quiconque mais j’avoue avoir le sentiment d’être privée d’une richesse qui pourtant m’appartient. 

Par ailleurs, alors que beaucoup parmi nous parlent deux langues, habituellement le français et l’arabe dialectal, que le Maroc est nettement bilingue (les administrations, les sociétés privées, les commerces, etc), il y a comme un clivage au niveau de la littérature marocaine, féminine ou pas, entre le monde strictement arabophone et le monde francophone. 

Ainsi, les éditeurs rechignent à publier des ouvrages en langue arabe (en dehors des livres scolaires), les libraires refusent de prendre le risque d’en commander et ces livres doivent nécessairement être commercialisés à un prix très bas pour être à la portée des rares lecteurs arabophones. 

D’ailleurs, ils se vendent très mal. J’en ai eu, par exemple, l’expérience avec mon roman “Oser vivre” qui a été réédité à plusieurs reprises en quelques années alors que l’unique premier tirage de sa traduction en arabe “An Aya”, surcharge les étagères de son éditeur. 

Certains de mes amis qui ont publié des livres en langue arabe m’ont également affirmé ne les avoir vendus, dans des proportions dérisoires, que lors de rencontres culturelles.

La troisième idée est qu’une femme marocaine qui écrit accomplit un acte de grand courage, voire de rebellion

Bien souvent, par exemple, des lecteurs, français en particulier, m’ont louée pour mon audace d’écrire. Alors que très sincèrement, il n’est nul besoin de bravoure pour écrire en étant femme et marocaine. Tout dépend évidemment de ce que l’on écrit et, par ailleurs, je ne souhaite minimiser en aucun cas les épreuves de celles qui, dans des cas très particuliers, auraient risqué les foudres de leur entourage en publiant. Mais il est à la fois tentant et facile de construire des mythes. Les femmes écrivains appartiennent généralement à des milieux où l’on ne risque pas sa peau en écrivant.  Il n’y a pas (ou assez peu) d’hostilité envers les femmes qui écrivent dans mon pays.  En dehors de rares exceptions qui ont eu à essuyer des menaces intégristes, nous ne sommes pas en danger (aucune fatwa n’a encore été émise contre nous), nous n’avons pas à nous cacher ni, comme à d’autres époques, devoir mentir sur notre identité sexuelle et prendre des pseudonymes pour être éditées. 

Il n’y a pas (ou plus) de censure étouffante. Au contraire, il me semble que nous ne sommes pas plus épargnées du voyeurisme chez nous qu’ailleurs.

Cette relative facilité à publier n’enlève rien à notre responsabilité d’écrivains. 

Sans me prendre gravement au sérieux, et sans me sentir, pour ma part, investie d’une mission révolutionnaire,  “libératrice“ envers les femmes de mon pays, mon écriture est clairement pour moi ma façon la plus engageante de militer.

De défendre mes valeurs.

De me battre contre ce qui m’interpelle et me révolte depuis que je suis née : la misère, l’injustice, la violence contre les femmes, l’hypocrisie sociale, le culte de l’argent et de l’apparence. 

Et tous mes livres sans doute n’auront pas d’autres désirs que de dévoiler cette laideur que l’on nie sous un tout-va-bien insupportable. Et d’espérer le libre, le beau, le vrai, ces vertus qui ont fait vibrer mes rêves d’enfant , ces rêves que je conserverai avec rage jusqu’à la fin de mes mots.

Je me sens concernée par le monde. Pas seulement le mien, je veux dire : pas uniquement mon quotidien, mes petites joies et mes petits chagrins, mais notre vie, la vie en ce qu’elle englobe d’insupportable et de sublime. 

Cette vie de tous à laquelle mes choix, mes actes au quotidien, mes mots participent. 

Ecrire pour moi, c’est refuser de me suffire de moi. 

C’est proposer le partage, risquer la rencontre, forcer l’indifference. 

Mais si je ressens de façon impérieuse le devoir d’écrire, je refuse de déraper vers les fantasmes narcissiques des écrivains dont les productions vont “bouleverser” la société.

Ce que j’écris est une goutte d’eau dans l’océan des mots publiés mais cette goutte peut être aussi essentielle qu’une autre. 

Je n’ai réellement pas d’autre prétention que de me mêler à ma manière aux autres petits ouvriers qui batissent chaque jour notre futur. Car je considère que chaque être est une porte possible vers un monde plus humain et plus équitable. J’ai ma place et je l’assume. Elle n’est ni plus glorieuse ni plus difficile qu’une autre, néamoins je l’occupe avec conscience.

Il est donc important que j’écrive, avec d’autres femmes. Il est essentiel que des femmes écrivent parce que tous ces bruissements côte à côte empêcheront à jamais que retourne le silence où l’on emmurait nos semblables, il y a à peine quelques décennies. Autour de nous revient, comme ces serpents vénimeux dont les têtes repoussent alors qu’on les croyait morts, ce terrible fantasme de la vertu obéissante et sans voix. 

Alors nous écrivons, femmes et hommes amoureux de l’humanité, et nous écrirons toujours plus pour empêcher qu’un espace laissé vacant s’emplisse de bêtise et de violence.

Nous écrirons pour “faire” du beau contre l’unique logique de l’utilitaire, pour donner envie de lumière, d’amour et d’innocence et, contre l’absurde,  proposer, peut-être, l’espérance.

Ce sont mes plus profondes aspirations de femme, de marocaine et d’écrivain.